Concerto à la mémoire d'un ange : Réconciliation avec le Schmitt nouvelliste
Titre : Concerto à la mémoire d'un ange • Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt •
Illustrateur : Valentino Sani • Éditions : Le Livre de Poche •
Genre : Nouvelles • Nombre de pages : 193.
★ ★ ★ ★ ★
Résumé : Quel rapport entre une femme qui empoisonne ses maris successifs et un président de la République amoureux? Quel lien entre un simple marin et un escroc international qui vend des bondieuseries usinées en Chine? Par quel miracle une image de sainte Rita, patronne des causes désespérées, devient-elle le guide mystérieux de leurs existences? Quatre histoires liées entre elles. Quatre histoires qui traversent l'ordinaire et l'extraordinaire de toute vie. Quatre histoires qui creusent cette question : sommes-nous libres ou subissons-nous un destin? Pouvons-nous changer?
Quel plaisir de retrouver la plume d’Eric-Emmanuel Schmitt ! C’est avec un peu d’appréhension que j’ai entamé la lecture de recueil de nouvelles, étant donné la déception qu’avait été « Odette tout le monde ». Finalement, mes inquiétudes étaient injustifiées car l’auteur a su une nouvelle fois me séduire à travers ces quatre histoires !
J’ai ouvert ce livre avec confiance quant à certains points et ceux-ci n’ont pas été décevants. L’écriture est familière, les situations de départ sont un peu loufoques et l’introspection fait partie intégrante du récit. Mais ce qui m’a reconquise dans ces nouvelles, c’est la profonde réflexion dans laquelle elles m’ont plongée ! Eric-Emmanuel Schmitt utilise ici un même fil conducteur pour ses quatre récits : Sainte Rita. A travers elle, il cherche à interroger le lecteur sur la capacité de rédemption qui se trouve en chacun de nous. Peut-on changer ? Devenir le meilleur quand on a été le pire, et inversement ? Ces questions, l’auteur les pose à travers ses personnages et ses histoires mais il la pose également au lecteur. Entraîné par son propre avis sur la question, par son propre bagage de vie, le lecteur tourne les pages avec empressement, impatient de savoir si la justice qu’il estime la meilleure sera celle appliquée au personnage.
Ainsi, je me suis sentie réellement impliquée dans le destin des protagonistes, souhaitant parfois qu’ils s’en sortent, parfois que les choses se passent mal pour eux. Automatiquement, cela m’a amenée à me questionner sur la notion de justice et sur mon ressenti vis-à-vis de celle-ci. Une autre introspection intéressante et pourtant inconsciente !
En ce qui concerne la forme des histoires, je vous préviens, ne vous attendez pas à du grand art ! En quelques dizaines de pages, impossible de planter un décor précis, ni de créer des personnages ambivalents. Ces derniers sont relativement « lisses » : soit ils sont bons, soit ils sont mauvais. Mais cette dichotomie ne fait que renforcer la facilité de la réflexion amenée par le fond du récit.
En conclusion, j’ai beaucoup apprécié ce recueil de nouvelles, qui m’a d’ailleurs réconciliée avec le genre et avec l’écrivain que j’adorais tant auparavant. Je le conseillerais tout autant que quelques-uns de ses grands romans !
