La petite fille de Monsieur Linh : Humanité et humilité
Titre : La petite fille de Monsieur Linh • Auteur : Philippe Claudel •
Illustrateur : Philippe Claudel • Éditions : Le Livre de Poche •
Collection : Littérature & Documents • Nombre de pages : 184.
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"Il se dit qu'il faut qu'il mange, qu'il prenne des forces, pour l'enfant sinon pour lui. Il n'oubliera jamais la saveur muette de cette première soupe, avalée sans cœur, alors qu'il vient de débarquer, qu'au-dehors il fait si froid, et qu'au-dehors, ce n'est pas son pays, c'est un pays étrange et étranger, et qui le restera toujours pour lui, malgré le temps qui passera, malgré la distance toujours plus grande entre les souvenirs et le présent.
La soupe est comme l’air de la ville qu’il a respiré en descendant du bateau. Elle n’a pas vraiment d’odeur, pas vraiment de goût. Il n’y reconnaît rien. Il n’y trouve pas le délicieux picotement de la citronnelle, la douceur de la coriandre fraîche, la suavité des tripes cuites. La soupe entre dans sa bouche et dans son corps, et c’est soudain tout l’inconnu de sa vie nouvelle qui vient en lui."
Résumé : C'est un vieil homme debout à l'arrière d'un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul désormais à savoir qu'il s'appelle ainsi.Debout à la poupe du bateau, il voit s'éloigner son pays,celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l'enfant dort. Le pays s'éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde disparaître à l'horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette.
Quel plaisir de redécouvrir cette magnifique histoire ! Quel plaisir aussi de retrouver la plume de Philippe Claudel ! J’ai lu ce livre lorsque j’étais en troisième année et à l’époque, je me souviens l’avoir sélectionné par dépit, ne trouvant pas de livre plus intéressant dans la liste imposée par mon professeur. C’était le plus court qui soit proposé, j’ai donc expédié cette « corvée » au plus vite.
Lors de ma première lecture, ce bouquin m’avait mis une claque, surtout de par sa fin. Aujourd’hui, je connaissais le dénouement de l’histoire, pas de claque donc. Mais beaucoup de remise en question et d’empathie face à la situation de Monsieur Linh.
Monsieur Linh, c’est un vieil homme qui doit fuir son pays en guerre, le Vietnam, suite à la mort de son fils et de sa belle-fille, tous deux tués par un obus. Son seul point d’ancrage, sa seule joie : sa petite fille, Sang diû. Avec elle, il affrontera la terrible épreuve qu’est l’intégration au sein d’un nouveau pays. Il rencontra un homme, monsieur Bark, avec qui, malgré la barrière de la langue, il deviendra ami.
A travers cette histoire, Philippe Claudel nous raconte la douleur de devoir quitter son pays, de devoir en intégrer un autre, sans rien en savoir, la peur liée à la découverte d’une langue, d’une culture, d’un peuple différents. Une thématique qui trouve un écho tout particulier dans la situation que vivent actuellement des milliers de personnes. La fin, surprenante, vient mettre en lumière l’entièreté du récit sans vous ne vous soyez douté de rien.
Une histoire touchante, pleine d’émotions, qui mène obligatoirement le lecteur à mener une réflexion sur l’immigration, la guerre, le deuil et la mort. Le tout porté par la plume légère de l’auteur, qui mêle à la fois poésie, nostalgie et humilité.
Si à ma première lecture, j’ai été plus particulièrement marquée par la fin de l’histoire, aujourd’hui, c’est le cheminement, le combat de monsieur Linh qui m’a interpellée. Je vous invite donc à découvrir ce livre mais surtout à le découvrir deux fois, car je pense qu’il est nécessaire de relire cette histoire pour en apprécier pleinement le message et la thématique. Ce livre saura vous faire réfléchir sur un thème des plus controversés, sur une situation difficile à appréhender sans l’avoir vécue soi-même
P.S. : Je vous conseille vivement de vous munir d’une boîte de mouchoirs avant d’entamer votre lecture !
