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Le garçon en pyjama rayé : Un livre d'une cruelle tendresse

Titre : Le garçon en pyjama rayé • Auteur : John Boyne •

Illustrateur : Maryline Gatepaille • Éditions : Gallimard jeunesse •

Collection : Folio Junior • Genre : Guerre • Nombre de pages : 203.

★ ★ ★ ★ ★

"Vous ne trouverez pas ici le résumé de ce livre, car il est important de le

découvrir sans savoir de quoi il parle. On dira simplement qu'il s'agit de

l'histoire du jeune Bruno que sa curiosité va mener à une rencontre de

l'autre côté d'une étrange barrière. Une de ces barrières qui séparent

les hommes et qui ne devraient pas exister..."


Résumé : Bruno a neuf ans lorsque son père, un officier nazi, se voit confier le commandement d'une immense ville que l'on nomme Hoche-Vite. Cette attribution, accordée par le Fourreur en personne, semble être un véritable honneur! Mais l'annonce de ce tout nouveau poste est également synonyme d'une nouvelle maison et, par là même, d'une nouvelle vie... Or, notre jeune héros est loin d'être favorable à un tel changement! Quitter la demeure familiale de Berlin pour aller vivre dans ce qui est, selon lui, un véritable taudis ; en voilà une drôle d'idée!


Pourtant lorsqu'il aperçoit, depuis la fenêtre de sa nouvelle chambre, un regroupement d'hommes et d'enfants, tous vêtus d'un étrange pyjama rayé, il cesse immédiatement de s'y opposer! Son unique obsession est alors de découvrir l'identité de ces milliers de gens, dont personne ici ne veut lui parler! Faisant fi des interdits, Bruno partira, un jour, en reconnaissance... C'est au cours de cette expédition clandestine qu'il fera la rencontre de Shmuel, un garçon pour le moins effacé qui porte ce mystérieux pyjama rayé...

 

Des romans de guerre, j'en ai lu par dizaines! Mais si je ne devais en retenir qu'un, se serait sans nul doute possible "Le garçon en pyjama rayé" tant il m'a bouleversée! Toutefois, ce qui m'aura le plus touchée dans cette histoire (qui retrace les méandres les plus sombres de la notre), c'est indéniablement la profonde amitié qui lie nos jeunes héros. D'ailleurs, cet improbable duo m'a conquise dès leur toute première rencontre, et ce, pour plusieurs raisons...


Imaginez la scène : Bruno, un enfant de neuf ans, longeant depuis de longues heures l'enclos qui délimite le camp d'Auschwitz. Durant tout ce temps, aucune âme qui vive ne croisera son chemin... Jusqu'au moment où il apercevra un point qui deviendra une tache, qui deviendra une forme, qui deviendra un semblant d'être humain.


Ainsi, une fois rapproché de celui-ci, un premier élément frappe notre narrateur : le garçon qu'il trouve en face de lui manque incontestablement d'allure! Non. Excusez-moi. Mes propos ne sont pas tout à fait exacts puisque le garçon en question, lui, n'est pas debout. Ils ne sont donc pas au même niveau! Lors de cette rencontre, Shmuel - puisque c'est son nom - est assis en tailleur ; le regard résolument fixé sur un sol aussi poussiéreux que lui...


Je n'ai jamais vu l'adaptation de ce livre et ce n'est que tant mieux car, vraiment, je me plais à imaginer cette scène... Un enfant d'une maigreur inouïe, à la peau grise, sale, assis par terre et n'ayant même plus le courage d'affronter le regard des autres... En un mot : un enfant détenu, juif. Et face à ce garçonnet, un autre. Allemand. Il est quand à lui plein de vie et l'observe d'un angle supérieur... Vous l'aurez compris, ce passage me fascine! Et je suis plus que convaincue que cette rencontre est une véritable perle cinématographique! Mais je vous l'accorde, ce n'est (peut-être) pas le débat du jour...




J'en reviens donc à ce livre et à ce terrible face à face entre ces deux garçons, à la fois si semblables et pourtant si différents... Car, par la force des circonstances, tout les oppose. Cependant l'un d'eux se trouve dans l'incapacité de le comprendre ; d'une part parce qu'il se trouve "du bon côté" de cette fameuse barrière et, d'une autre, car il est impossible pour un enfant, empli d'innocence, de concevoir de telles atrocités, à moins (bien évidemment) de les avoir vécues lui-même...

Et l'innocence, parlons-en! Car c'est précisément cet aspect du roman qui le rend si poignant! En effet, le point de vue adopté dans "Le garçon en pyjama rayé" est interne... Rien de bien innovant jusque-là, me direz-vous! Mais en nous projetant directement dans la tête d'un enfant de moins de dix ans, l'auteur s'est permis quelques libertés en intercalant dans ses pensées quelques réflexions plus qu'inappropriées!


À nouveau, plusieurs scènes s'offrent à moi. Et parmi elles se trouve la fois où Bruno parle fièrement de la suprématie de son pays à son nouvel ami. Concernant ce point, j'admire réellement le fait que John Boyne a eu l'intelligence nécessaire pour faire taire Shmuel quand il le fallait. J'entends par là qu'il nous permet de découvrir une bien triste : celle du peuple juif, amené (non pas de gré mais bien de force) à se taire face à cette puissance indéniable que fut le parti nazi...


Ces non-dits représentent, eux aussi, le point fort de ce récit. Ils font travailler notre esprit. C'est pourquoi l'auteur a souvent pris soin de rester vague lorsqu'il abordait des sujets parfois épineux mais toujours cruciaux. De fait, les rafles, les déportations, la famine et tout ce qui s'en suit font appellent à nos propres connaissances en la matière ; laissant ainsi Bruno à l'abri de cette infamie, tout comme les lecteurs trop jeunes qui ne seraient pas encore aguerris.

 

Je pourrais vous parler des heures durant de cet incroyable roman tant les détails qui y sont présents valent la peine d'être lus. Toutefois, j'en ai déjà assez dévoilés, je le sais. Mais ne craignez rien, il en existe encore des dizaines à découvrir par vous-mêmes! Tout comme l'ambiguïté de certains personnages que je n'ai même pas cités!


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