Les héritiers : Un premier tome énigmatique
Titre : Les héritiers • Auteur : Cindy Van Wilder • Illustrateur :
B. System • Éditions : Gulf stream • Collection : Les Outrepasseurs
• Genre : Fantastique • Nombre de pages : 347.
★ ★ ★ ★ ★
Comme bon nombre de lecteurs, c'est la couverture de ce premier tome qui m'a convaincue de l'acheter, et non son résumé. Cette double couverture en relief a en effet réussi à me charmer dès l'instant où mon regard s'est posé sur elle. Avec ses couleurs contrastées, passant du sépia à un décor forestier, le tout enrobé de fioritures dorées, cette première face ne pouvait que me séduire! Ainsi, ce n'est qu'une fois rentrée chez moi que je me suis réellement attardée sur ce résumé :
Peter, un adolescent sans histoires, échappe de justesse à un attentat. Il découvre que l'attaque le visait personnellement et qu'elle a été préméditée par de redoutables ennemis : les fés. Emmené à Lion House, la résidence d'un dénommé Noble, il fait connaissance avec les membres d'une société secrète qui lutte depuis huit siècles contre les fés : les Outrepasseurs. Ces derniers lui révèlent un héritage dont il ignore tout.
L'histoire des Héritiers commence en nous présentant Peter, un adolescent somme toute ordinaire, aspirant à devenir footballeur professionnel. Tandis que celui-ci venait tout juste de rentrer chez lui, deux molosses assoiffés de sang firent irruption au fin fond de son jardin! De justesse, il échappera à ces monstruosités grâce à l’intervention inespérée d'un renard tout droit sorti de nul part. Ce dernier se révélera être un personnage emblématique.
En vue de cette attaque qui aurait pu lui ôter la vie, Hermeline, sa mère, s'empressera de le conduire dans un mystérieux manoir appartenant à Noble, un balafré surnommé Monseigneur par l'ensemble de ses invités. En son sein, Peter devra faire preuve de courage et de persévérance s'il souhaite pouvoir obtenir des réponses à ses questions et comprendre, enfin, l'ampleur de ce destin qui lui était réservé depuis bien des années...
Lorsque l'on fait l'acquisition d'un objet-livre d'une d'une telle splendeur, il existe un risque dont il faut tenir compte : il est fort probable que le contenu de ce dit livre ne réponde pas à nos attentes si celui-ci n'est pas travaillé avec autant de minutie que pour son packaging. Fort heureusement, ce premier tome des Outrepasseurs a répondu avec brio à cette exigence! De fait, à aucun moment je n'ai regretté cet achat!
Par ailleurs je dois bien avouer que cette histoire ne ressemble en rien à ce à quoi je m'étais imaginée car, bien loin des structures habituelles, c'est un double récit que nous propose ici l'auteur. Un choix brillant permettant à l'intrigue de se construire d'une manière qui lui est toute particulière...
Ainsi, tandis que nous suivons le personnage de Peter durant les cinquante premières pages, l'auteur nous plonge sans crier gare dans un second récit se déroulant, lui, au Moyen-Age. Cette transition, qui n'en est pas une, amène avec elle nos véritables personnages principaux. Et des personnages, croyez-moi, il y en a!
Si d'habitude je n'éprouve aucune difficulté à identifier les différents protagonistes, je reconnais, cette fois, avoir été soulagée à la vue de l'arbre généalogique mis à disposition en toute fin de livre ; sans quoi j'aurai tôt ou tard fini par m'emmêler les pinceaux!
Par chance, au fur et à mesure des actes, le passage d'un monde à l'autre devient plus limpide aux yeux de tous. Pour faciliter ce changement, l'auteur n'a de cesse réitérer la même mise en scène dont je ne vous dévoilerai nullement l'aspect. En revanche, je peux vous apporter quelques précisions concernant cet univers moyenâgeux...
Au moment où j'ai pris conscience que ces nouveaux personnages allaient prendre davantage de place au sein de ce récit, j'avoue avoir émis quelques réticences... Ceci se faisait tout de même au détriment de Peter, notre héros! Toutefois mon ressentiment n'aura été que de courte durée car je dois bien reconnaître que le fait de recourir à cette sombre époque est très ingénieux!
Comme vous le savez, au Moyen-Âge, le clergé détient savoir et pouvoir tandis que la population, elle, se doit d'être croyante. Ainsi, les notions de Bien et Mal guident jusqu'à la plus insignifiante des décisions. De plus, toute chose hors-norme se voit être critiquée et affligée d'une étiquette peu enviable, comme vous pourrez le constater lors de votre lecture. Un tel contexte semblait donc tout à fait opportun à l'explication des origines des Fés, ces "démons" dont nous ignorons presque tout.
Enfin, outre le double récit, ce sont deux styles d'écritures distincts qui cohabitent dans ce roman. L'auteur a en effet pris plaisir à user d'un jargon spécifique à l'époque dans laquelle se déroulent les événements. Ainsi, il n'est pas rare de rencontrer divers mots de vocabulaire tout droit sortis d'un autre temps. Je repense, par exemple, aux enfançons, fèvres, manants, houseaux, tabards et autres mots barbares... Tout ceci reste bien évidemment dans l'optique de crédibiliser cette histoire. Et ça marche!
Malgré ses 350 pages, j'ai lu d'une traite ce premier tome des Outrepasseurs. Et finalement, ce que je retiens de ce roman c'est que tout comme Peter - personnage miroir - cette histoire n'aura cessée de me retourner le cerveau! Le rythme instauré par Cindy Van Wilder y est plus que soutenu, pour ne pas dire éprouvant! Vraiment, cette auteur ne nous laisse aucun répit puisqu'elle nous bombarde constamment de questions nouvelles auxquelles il nous faut impérativement des réponses! C'est pourquoi il est pratiquement impossible de lâcher ce livre.
Pour conclure je dirai que je reconnais volontiers les reproches qui ont été adressées à ce premier opus puisqu'en effet, Les Héritiers n'est finalement qu'une longue introduction au reste de l'histoire. Toutefois, je maintiens que cette longue présentation était nécessaire à la bonne compréhension du récit. Il ne me reste plus maintenant qu'à attaquer la suite en espérant y retrouver le même esprit!