Tabou : Un roman ouvert d'esprit
Titre : Tabou • Auteur : Frank Andriat • Illustrateur : Guy Servais • Éditions : Mijade • Collection : Romans • Nombre de pages : 137.
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"Est-il vraiment impossible d'accepter les gens comme ils sont ? Tant qu'ils ne causent aucun tort à autrui, tant qu'ils ne commettent aucun crime, n'ont-ils pas le droit de vivre sans devoir subir des jugements à tout instant ?
Toi, tu n'es pas bien parce que tu n'as pas de travail, toi, parce que tes vêtements ne sont plus à la mode, toi parce que tes parents sont divorcés, toi parce que tu sors avec la nana qui m'a regardé de haut, toi parce que tu viens d'Afrique, toi parce que tu n'as pas la même religion que moi, toi parce que tu ne possèdes pas de playstation, toi, toi, toi, toi, eh merde ! Ne pouvons-nous donc pas nous contenter de qui nous sommes et cesser d'envier ou de condamner les autres ?"
Résumé : Loïc est mort. Loïc s'est suicidé parce qu'il n'acceptait pas son homosexualité. Dans sa classe, c'est la consternation. Personne ne se doutait de rien. Sauf Philippe à qui Loïc a parlé quelques jours avant de se pendre, à qui Loïc a fait promettre de ne pas dévoiler son secret. Tabou. Il y a des sujets qu'on hésite à aborder. Parce que c'est plus facile. Plus lâche aussi, mais ça, on préfère l'oublier. Tabou. Quand on est différent, c'est difficile, mais c'est aussi tellement riche. Loïc s'est tu et il est mort. Aurait-il pu tendre la main vers les autres, aurait-il pu apprendre à s'aimer? Ses amis, stupéfiés par ce geste, s'interrogent.
« L'homosexualité est un élément de la vie parmi tant d'autres. Rien ne me paraît plus juste que cette phrase. Je me demande pourquoi on oublie tous les autres aspects d'une personne lorsqu'on apprend qu'elle est homosexuelle. »
Voilà un petit passage qui me paraît parfait pour définir précisément le message à retenir de ce roman. Pourquoi dirait-on « mon ami gay » ? Dit-on « mon ami hétéro » ? Pourquoi certaines personnes définissent-elles une personne uniquement par son orientation sexuelle ?
Dans « Tabou », Frank Andriat nous ramène dans le même univers que « La remplaçante », « Monsieur Bonheur » et d’autres de ses livres. Mais cette fois-ci, nous ne suivons pas Raphaël mais trois autres jeunes de l’école : Réginald, Philippe et Elsa.
A travers ces trois personnages, l’auteur nous offre trois regards différents sur l’homosexualité, trois opinions bien tranchées sur le sujet, trois manières de la vivre. De l’homosexuel refoulé au macho homophobe en passant par le tolérant compréhensif, l’auteur nous offre juste des idées, sans y poser de jugement. C’est ce côté que j’ai le plus aimé dans ce roman. Le récit n’est ni homophobe, ni pro-homosexualité, il propose sans imposer. C’est au lecteur de suivre son propre cheminement d’idées et de tirer des conclusions et des valeurs de l’histoire. En plus de la thématique de l’homosexualité, déjà très sensible, l’auteur introduit son roman par un suicide, ce qui ajoute à la dimension de son propos. Les mots choisis par Frank Andriat sonnent juste, ce qui pourra sans doute aider le lecteur adolescent à avoir une réflexion aboutie sur le sujet.
Ces mots sont parfois crus. Les personnages s’expriment comme on peut sans doute le faire à seize ans, avec des termes vulgaires et péjoratifs. Néanmoins, c’est un point qui n’apparaît que vers la fin du roman lors d’un débat houleux sur l’homosexualité. Notamment dans la bouche de certains personnages aux idées extrémistes, les mots sont violents, scandaleux. Bien sûr, ce langage est nécessaire pour exprimer les idées véhiculées par quelques-uns, c’est donc pour cette raison que les termes employés ne m’ont pas vraiment choqué.
Je vous conseille vraiment ce livre, que je trouve très bien écrit et qui me semble être profitable à tout âge.
